vendredi 6 avril 2012

Papier d'Erik Orsenna : entre fragilité et désir de recueillement


Lu cette semaine "sur la route du papier" le troisème précis de mondialisation d'Erik Orsenna. Après "Voyages au pays du coton"que j'avais vivement apprécié, voici le nouveau sujet : le papier, cet excellent support pour créer et diffuser le savoir et préserver le savoir ,-). Sur ce vaste sujet, un étonnement de ma part et une réflexion. A/l'étonnement en page 45 : quelle raison renforce le choix du calife arabe Al-Mansour de développer la fabrication et l'utilisation du papier ? un important facteur réside dans sa fragilité. Autant un parchemin semble pouvoir être gratté et modifié aisément (bref, un support parfait pour un faussaire), autant le papier, infiniment plus fragile car plus fin et à base de fibres, rend ces modifications plus difficiles à cacher. Le choix du papier par le calife aurait été de "pouvoir faire confiance aux documents qu'il envoie ou qu'il transmet". Au coeur : le critère de sécurité des écrits et de fidélitè des dires dans le temps. Raisonnons que le format/support électronique s'inscrit dans la même ligne : un document électronique est [encore] plus fragile que le papier et il est besoin de traçer l'ensemble de sa vie (cycle de vie) qui doit permettre la démonstration de l'engagement. La nature même du support électronique et de son traitement/conservation induit donc mécaniquement un renforcement de la sécurité de la preuve par rapport à celle attachée à un document papier.
B/ la réflexion maintenant pour nourrir le dialogue : papier/électronique. J'aime beaucoup page 299 (chapitre consacré aux ebook) : "Quand au papier, je lui fais aussi confiance. Il y a en chacun de nous un désir de lenteur, de silence, de recueillement. Ce désir là, je crois que seul le papier peut y répondre."

Orsenna Erik - Sur la route du papier -Petit précis de mondialisation III p.312 Stock 2012